Nadine
« L’association Jean Gailhac a toujours eu une volonté d’ouverture, de faire rentrer les gens dans l’établissement et dédramatiser un peu ce qu’est la protection de l’enfance. Un enfant qui vit en foyer n’est pas différent des autres. Il a le droit de faire des soirées pyjama, d’aller voir sa famille, de fêter son anniversaire, d’aller voir des copains. Ici le portail est ouvert et on y tient !
Dans l’esprit de l’orphelinat de garçon créé en 1850, dans un domaine agro-viticole, l’association est toujours ancrée dans le secteur agricole aujourd’hui avec les Centres de Ré-entraînement à l’Effort et de Formation (CREF), autour de Béziers. A la campagne, entourés d’animaux, les jeunes réapprennent à se lever le matin, avoir un rythme de vie, des équilibres alimentaires et peuvent s’essayer à 35 métiers possibles grâce à des petites entreprises qui les prennent en stage pour les préparer à un futur contrat d’apprentissage, qui est le sésame.
Il n’y a pas de journée type pour un directeur d’établissement. Il faut s’adapter aux besoins des uns et des autres. Il y a des choses qu’on ne peut pas éviter (la sécurité, la gestion, les budgets, les comptes administratifs) et, après, c’est beaucoup de relations humaines et de lien social. C’est du “savoir accorder“, du “savoir mettre en lien“. Il faut faire confiance, s’appuyer sur toutes les équipes. L’ouvrier d’entretien ou la maîtresse de maison a autant d’importance sur notre type d’établissement que moi. Moi je ne suis pas indispensable au quotidien alors qu’eux le sont.
J’ai un profil atypique. Je suis ingénieure en agriculture. Je n’ai pas fait d’étude d’éducateur spécialisé ni de chef de service. Du coup, j’apporte quelque chose de différent, une sorte de “contre-pouvoir“ car on n’a pas le même regard. Si je dois donner un conseil aux jeunes, c’est de faire ce qu’ils ont envie de faire à la sortie du bac et ensuite ils peuvent bifurquer, car les passerelles aujourd’hui sont plus faciles qu’il y a 50 ans. »