Soizick
« Je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas fait quelques rencontres, qui m’ont détournée de mon cursus universitaire d’origine. J’ai repris des études d’éducatrice spécialisée et je me suis laissée happer. Aujourd’hui 24 ans après, je suis cheffe de service, dans un service d’accueil familial.
Le rôle du service d’accueil familial c’est d’accompagner des enfants, qui nous sont confiés – par décision judiciaire – pour être placés en familles d’accueil. On travaille avec 65 familles d’accueil, 106 enfants et des collègues éducateurs.
Avec l’accueil familial, on vient doucement amener un enfant sur d’autres représentations de la famille. Et, surtout, on tente de lui donner des points “secure“, de revisiter les liens d’attachement, pour qu’il se redonne la chance de créer des liens, s’il le peut – car certains enfants ne peuvent plus s’attacher.
L’enfant est au centre du dispositif. On tend le plus possible au sur-mesure, pour pourvoir au bien de l’enfant, à ce qui est le mieux pour lui. Mais dans la situation actuelle c’est difficile, car on doit faire à moyens constants avec des besoins qui sont toujours plus importants. Dans l’avenir, j’ai peur qu’on perde le sens, qu’on soit davantage sur la question de trouver des places que de tout mettre en œuvre pour pourvoir aux besoins des enfants.
Ma fonction de cheffe de service c’est une forme de rond-point à la fois en soutien aux équipes, sur la clinique du terrain, en lien avec les familles d’accueil des enfants, les familles, les éducateurs, les point de ressources, et porter aussi les projets du directeur. Mon point de mire à moi c’est faire en sorte que tout cela fonctionne dans une forme d’éthique la plus claire possible.
Ce métier pour moi est une question d’engagement plus qu’une question de vocation. C’est une recherche permanente, on peut se former tout le temps, explorer beaucoup de choses, s’ouvrir à des questionnements intérieurs…
C’est un métier qui grignote beaucoup sur le temps personnel mais je ne peux pas m’imaginer à une autre place. »