Nathalie
« Je suis assistante du service social depuis 30 ans à La Sauvegarde 13, dans l’AEMO (Assistance éducative en milieu ouvert). Ce sont des mesures de suivi éducatives, transmises par le juge des enfants, suite au constat d’une notion de danger dans l’évolution des mineurs.
Au cours de mes journées, j’ai des rendez-vous avec des familles, des liens avec les partenaires et beaucoup de partage avec les collègues et mon équipe. On n’est jamais seuls dans les suivis. Je travaille avec des psychologues, des psychiatres, des médecins, des éducateurs, des assistantes sociales, des CPE… On prend un enfant dans son intégralité donc on va toucher tous les secteurs de sa vie : la scolarité, le médical…
Ce qui est toujours très intéressant c’est le premier contact. On est souvent face à des jeunes qui nous disent : « Moi je ne fais confiance à personne, je ne veux pas de vous » et qui, très rapidement se raccrochent et s’accrochent. C’est le respect et l’écoute qui leur permet d’être en confiance et petit à petit de se livrer. Et toute la subtilité c’est de ne pas devenir indispensable à leur vie, car à un moment ça doit s’arrêter. L’objectif c’est qu’on ne soit que de passage pour accompagner cette période de transition.
Le confinement lié à la COVID a été difficile parce que les rencontres avec les jeunes – qui sont l’essentiel de notre métier – ont été mises en suspens. Et, pour les jeunes ça a été compliqué parce qu’ils ont perdu ce repère, dans le temps, que leur donne la temporalité de nos rencontres.
Je ne suis pas très optimiste sur l’avenir de mon métier car il n’est pas reconnu à la hauteur de l’implication qu’il demande, ne serait-ce que par le salaire qui est dérisoire. J’espère qu’on va restaurer un peu l’identité de ce travail qui est très important et qui change des vies. »